vendredi 4 février 2011

Quel avenir pour la révolution démocratique en Egypte ?



Les « observateurs européens » se réjouissent du probable départ du Président Hosni Moubarak. L’éventualité de voir Mohamed El Baradei, ancien directeur général de l’AIEA (l’agence internationale de l’énergie atomique) succéder à Moubarak n’est source d’inquiétude pour presque personne. Deux critères semblent expliquer cette opinion favorable :
-Une promptitude au dialogue et à la négociation dans la résolution des conflits.
-Une intégrité morale qui semble pour beaucoup découler de sa qualité de prix Nobel de la paix.

El Baradei envisageait au demeurant, depuis 2009, de se présenter aux élections présidentielles égyptiennes. Il se déclare maintenant prêt à « prendre la tête d’un gouvernement de transition ».

Le 30 janvier 2011, il a été nommé porte-parole de « la coalition nationale pour le changement », qui regroupe les partis de l’opposition et en particulier les Frères Musulmans.
Ce soutien marqué des frères musulmans n’a guère ému les observateurs, alors que les « Frères » sont opposés à l’organisation des nations arabes en Etats laïcs.

Le prix Nobel de la paix n’est pas du tout le gage d’une orientation du porte-parole de l’opposition égyptienne vers un Etat dégagé d’une trop forte emprise religieuse. Le Comité norvégien oubliant souvent quels sont les critères d’attribution de ce prix, et se discrédite souvent tout seul, le prix Nobel de la paix récompensant selon ses statuts « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ».

El Baradei a pourtant déclaré, à propos du Japon, « Je pense que tout pays a le droit de discuter des moyens d’assurer sa sécurité lorsqu’un autre pays de la même région (NDLR : la Corée du Nord) élabore des armes nucléaires ». À suivre ce raisonnement, qui peut avoir sa valeur par ailleurs, c’est tous les pays de la planète, qui devraient s’équiper de la bombe atomique.

C’est sans doute aussi pour cette raison, qu’il aurait minimisé dans ses rapports à l’ONU les entraves faites au travail des inspecteurs de l’AIEA en Iran, et qu’il se serait opposé à ce que soit mentionné dans les résolutions de l’ONU un non-respect par l’Iran de ses engagements. L’explication d’El Baradei est qu’il souhaitait privilégier la discussion aux sanctions.
Pourtant en ce qui concerne l’Egypte, il déclara qu’il refusait de négocier tant que Moubarak ne quittait pas le pouvoir.

Nous serions en droit  d‘être inquiet du sort de la révolution démocratique pour l’Egypte.

Qu'en pensez-vous?

Belkine

mercredi 2 février 2011