mardi 12 octobre 2010

Réponse à Jean Matouk sur l'euro

Je n'ai pas assisté à l'émission de télévision, mais je souhaite réagir aux propos de Jean Matouk. Ce dernier a signé sur Rue89, une réponse aux propos de Nicolas Dupont-Aignan sur l’euro. Il semble oublier certains fondamentaux socio-économiques que je me propose de rappeler ici.    

L’argument le plus sérieux de l’article est le suivant : « si nous étions l’Allemagne, nous serions l’Allemagne ». Si nous avions la discipline monétaire, salariale, syndicale de ce pays, nous serions effectivement comme l’Allemagne.  La discipline de ce pays n’a pas toujours existé dans l’esprit de ce pays et n’a pas toujours existé dans l’esprit des Allemands. L’hyperinflation de l’Allemagne entre les deux guerre a dissous le lien social, favorisé l’avènement de Hitler et conduit au désastre allemand de la seconde guerre mondiale. Même si on est économiste, il ne faut pas oublier l’histoire d’un pays qui conditionne souvent profondément le social et l’individuel.
Jean Matouk ne donne d’ailleurs aucune réponse autre que l’exemple de l’Allemagne à cette interrogation : la montée de l’euro handicape-t’elle ou non les exportations de la France ?

L’euro simplifie les échanges entre les pays de la zone, mais les marchés à termes de devise sont là pour garantir à une entreprise le montant exact, en monnaie nationale, qu’elle recevra de ses exportations.

L’auteur oubli que de 1945 aux années 70, avec une monnaie vacillante, voir parfois fondante, la France était à la tête du peloton de tête des pays en termes de performances économiques.  Au fur et à mesure que sa monnaie s’est raffermie, son économie s’est affaiblie. Jean Matouk confond la valeur d’une monnaie, sa stabilité avec le dynamisme qu’elle impulse à l’économie. Il devrait méditer l’exemple, du yen japonais hier, du yuan chinois aujourd’hui.

Une communauté de destin avec l’Allemagne? Peut-être. Cela n’implique pas d’avoir exactement la mentalité Allemande, la pratique économique Allemande. Milton Friedman a montré en son temps, que loin de la conforter, une monnaie commune pouvait être destructrice d’une union économique et politique.
Relire les classiques de l’économie est certainement préférable à prendre des leçons chez Madame Guigou, estimable ministre par ailleurs.

Enfin, consommer plus que l’on ne produit, les Etats-Unis le font depuis un demi-siècle. Méfions nous des idées simples et des adages simplistes.


Belkine 

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