lundi 21 mars 2011

La France n'est plus en France, elle est à Bruxelles avec la Commission Européenne.


La catastrophe de Fukushima inquiète à juste titre les Français avec leurs 58 centrales nucléaires. Belkine pense qu’il serait moins inquiet si EDF était resté une entreprise nationale, et non une société anonyme. Nationaliser des industries de biens de consommation aux appareils de productions très évolutifs sur courte période est une chose comme le PS l’avait programmé en 1981. Nationaliser des industries qui ont un caractère de service public marqué avec des appareils de productions assez stables et lourds est autre chose. L’une n’est pas le contraire de l’autre, les deux sont en général pernicieuses. Pourtant, aujourd’hui, l’Union Européenne est un facteur majeur de privatisation des services publics.

La privatisation ne s'est pas faite seulement pour des raisons internes à la France, mais au nom de la libre concurrence européenne. Il fallait mettre en concurrence tous les producteurs européens pour en théorie le plus grand bien être du consommateur européen, ce qui conduit inévitablement à économiser au maximum pour faire face à la concurrence ou pour augmenter les profits.

Tout cela entraîne à des dangers pour la sécurité qui ne sont pas seulement théoriques mais qui aboutissent à des vrais catastrophes. L’Angleterre l’a montré avec les accidents sur les lignes ferroviaires privatisées. Un autre exemple est le naufrage du « Herald of Free Enterprise » qui, pour aller plus vite et économiser des frais portuaires, a appareillé avec la porte de sa cale avant encore ouverte et a, au premier virage, chaviré dans une très faible profondeur d'eau, mais suffisante pour provoquer la mort de presque 200 personnes.

En France, les incidents se multiplient, liés à la mauvaise qualité des lignes ferroviaires et des caténaires. Ils sont bien connus des Français même si heureusement nous n’avons pas à déplorer de catastrophe véritable. Pourquoi le transporteur qu'est devenu la SNCF distrairait de l'argent pour améliorer le Réseau Ferré de France (RFF) au profit potentiel des autres transporteurs ferroviaires européens, alors qu'il est déjà en déficit chronique ? Faudra-t-il attendre une catastrophe ferroviaire française pour examiner la question ?

Les grèves des salariés du monopole ferroviaire et du monopole de la distribution électrique en France étaient certes très irritantes pour les consommateurs et les passagers ; la loi sur le service public minimum a montré qu'il y avait des parades à cette gêne. Faut-t-il dire pour paraphraser notre grand dramaturge: "La France n'est plus en France, elle est à Bruxelles avec la commission européenne" ?

Belkine

8 commentaires:

  1. Le sujet est fondamental et très polémique...
    Je tiens à apporter une précision terminologique d'importance : dire que la privatisation met fin au service public est faux. EDF est une SA, il y a toujours un service public de l'énergie. La Poste est une SA, il y a encore un service public postal.
    Il faut être très clair : la privatisation est le choix de confier la gestion du service public à une entité de droit privé, que ses capitaux soient publics, partiellement publics ou totalement privés. On parle d'un mode de gestion du service public, pas du service public lui-même. La privatisation ne met pas fin à la mission de service public.
    Ensuite, on peut estimer que le service public est mieux géré quand est en cause une personne publique et qu'à l'inverse la privatisation du mode de gestion du service public diminue la qualité de ce dernier. C'est encore un autre débat : tu as bien souligné les effets négatifs d'une gestion du service public dans un contexte concurrentiel et de recherche de bénéfices, avec le frappant exemple britannique, donc je n'y reviens pas.
    Quant à l'influence de l'Europe... Elle est réelle. Mais il ne faut pas sous-estimer les décisions politiques nationales. Bien souvent, les gouvernements privatisent alors que l'Europe ne l'exige pas nécessairement, en tout cas pas directement. Mais souvent on présente Bruxelles comme responsable...
    Un vaste débat sur le service public s'ouvre !

    RépondreSupprimer
  2. Cela dit, c'est pas faux, l'Europe culturelle ok mais capitaliste et entravante, pourquoi au fait? Si c'est juste pour jouer au plus fort sur tous les plans, c'est vrai qu'on était en droit d'attendre mieux...

    RépondreSupprimer
  3. e me fais un peu l'avocat du diable par rapport à ton petit texte: alors certes l'europe des commissaires, les lobbies, l'europe libérale etc etc... mais il faut pas oublier que l'europe c'est aussi des normes européennes qui s'imposent aux états membres. ce que je veux dire c'est que si on est pas à l'abri d'une catastrophe nucléaire/sanitaire en france (comme dans n'importe quel pays industrialisé), l'europe c'est surtout ce qui fait aussi qu'on limitera les risques dans des pays disons un peu moins précautionneux. donc de 2 choses l'une: la libre concurrence et la libéralisation à outrance comportent autant le risque d'un contrôle moins poussé de la part des pouvoirs publics, que les normes édictées au niveau européen vont renforcer la sécurité de certaines installations dans nombre d'états beaucoup plus laxistes... CQFD...

    RépondreSupprimer
  4. quant au fait que la france ne soit plus en france mais à bruxelles, on peut aussi bien dire que la france est autant à bruxelles que bruxelles est en france... je comprends bien ce que tu veux dire, mais le problème c'est qu'avec ton intitulé on pourrait VRAIMENT te prendre pour un villieriste! ;)

    RépondreSupprimer
  5. et me demande pas pourquoi je suis aussi méchant ce soir, j'ai peut-être déjà un peu trop bu... kiss boy!

    RépondreSupprimer
  6. Tout ça est intéressant et il faut être prudent mais le fait est qu'on est tellement loin de ce qu'on pouvait espérer quand on y croyait...

    RépondreSupprimer