Écoutons Alain Minc -dans le JDD du 7 août 2011- nous
expliquer la crise actuelle : « un coup de folie dû à l’irrationalité
des investisseurs, l’inconséquence des banques et l’inculture des agences de
notations ». Ouf ! Avec de tels acteurs, il est permis de se demander
comment l’économie - bien que chancelante- n’est pas encore tombée. Ce sont les
partenaires d’Alain Minc, chefs d’entreprises ou banquiers, des différents
conseils d’administration où il siège qui vont apprécier. Le salut -pour celui
que l’on prenait pour un libéral - doit venir des politiques français avec la « règle d’or »
et des gouvernants européens avec l’intégration économique complète de
l’Europe. La vision est grandiose : « si l’Italie saute, l’Allemagne
saute, l’Europe aussi et le monde enfin ».
Le raisonnement est rudimentaire : si cela va bien
c’est grâce à l’Europe, si cela va mal il faut plus d’Europe.
Rien n’est dit par notre expert visionnaire sur les
fondamentaux différents de pays comme la Grèce, l’Italie voir la France et de
pays comme l’Allemagne. Aucune analyse sérieuse de l’Europe ne nous est
proposée. L’union politique est pourtant une chose, l’union économique une
autre, l’union monétaire une troisième. Les trois ne sont pas toujours
compatibles.
Il est frappant de constater que quasiment tous les discours
de nos responsables politiques sur l’Europe porte uniquement sur les supposés
inconvénients matériels que l’électeur subirait de «moins
d’Europe».
Le taux de croissance économique de la France est de zéro,
la désindustrialisation se poursuit non pas en raison de la mondialisation mais
des conditions politiques et économiques avec lesquelles nous l’abordons, c’est
à dire sans la maîtrise de nos protections douanières, de nos protections
fiscales (TVA), de notre politique économique (toujours suspecte à la Commision
d’entrave à la concurrence).
Le mal est profond. Tout entreprise qui s’internationalise
vraiment peut y trouver l’avantage d’une délocalisation dans des pays à
moindres coûts salariaux. Nous n’arrêtons pas de répéter libre concurrence,
mondialisation, alors que la chine pratique une politique de dévaluation compétitive
systématique, que les États-Unis sont très sourcilleux sur leur protection
douanière.
Si les résultats économiques étaient là, il faudrait -sur ce
sujet au moins- donner raison aux tenants d’une politique du « tout Europe ».
Malheureusement la France qui dans les trente à quarante glorieuses d’après
guerre se classait à la tête du le peloton de tête des pays développés est
maintenant un « traînard » du peloton de queue de ce même groupe de
pays.
L’Europe doit être construite sur d’autres bases : écarter
le dogme monétaire, consentir à des abandons de souveraineté mais exactement
précisés et non pas livrés à une doctrine dite de « subsidiarité »
qui n’offre aucun critère sérieux pour savoir ce qu’il faut retenir et ce qu’il
faut partager en termes de souveraineté. La subsidiarité conduit à une
véritable politique du chien crevé au fil de l’eau, aujourd’hui une politique
européenne au fil de la crise des marchés.
Belkine
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