dimanche 14 août 2011

La crise selon Alain Minc : tous responsables sauf l’Europe.


Écoutons Alain Minc -dans le JDD du 7 août 2011- nous expliquer la crise actuelle : « un coup de folie dû à l’irrationalité des investisseurs, l’inconséquence des banques et l’inculture des agences de notations ». Ouf ! Avec de tels acteurs, il est permis de se demander comment l’économie - bien que chancelante- n’est pas encore tombée. Ce sont les partenaires d’Alain Minc, chefs d’entreprises ou banquiers, des différents conseils d’administration où il siège qui vont apprécier. Le salut -pour celui que l’on prenait pour un libéral - doit venir  des politiques français avec la « règle d’or » et des gouvernants européens avec l’intégration économique complète de l’Europe. La vision est grandiose : « si l’Italie saute, l’Allemagne saute, l’Europe aussi et le monde enfin ».
 Le raisonnement est rudimentaire : si cela va bien c’est grâce à l’Europe, si cela va mal il faut plus d’Europe.
 Rien n’est dit par notre expert visionnaire sur les fondamentaux différents de pays comme la Grèce, l’Italie voir la France et de pays comme l’Allemagne. Aucune analyse sérieuse de l’Europe ne nous est proposée. L’union politique est pourtant une chose, l’union économique une autre, l’union monétaire une troisième. Les trois ne sont pas toujours compatibles.
Il est frappant de constater que quasiment tous les discours de nos responsables politiques sur l’Europe porte uniquement sur les supposés inconvénients matériels que l’électeur subirait de «moins d’Europe».
Le taux de croissance économique de la France est de zéro, la désindustrialisation se poursuit non pas en raison de la mondialisation mais des conditions politiques et économiques avec lesquelles nous l’abordons, c’est à dire sans la maîtrise de nos protections douanières, de nos protections fiscales (TVA), de notre politique économique (toujours suspecte à la Commision d’entrave à la concurrence).
Le mal est profond. Tout entreprise qui s’internationalise vraiment peut y trouver l’avantage d’une délocalisation dans des pays à moindres coûts salariaux. Nous n’arrêtons pas de répéter libre concurrence, mondialisation, alors que la chine pratique une politique de dévaluation compétitive systématique, que les États-Unis sont très sourcilleux sur leur protection douanière.
Si les résultats économiques étaient là, il faudrait -sur ce sujet au moins- donner raison aux tenants d’une politique du « tout Europe ». Malheureusement la France qui dans les trente à quarante glorieuses d’après guerre se classait à la tête du le peloton de tête des pays développés est maintenant un « traînard » du peloton de queue de ce même groupe de pays.
L’Europe doit être construite sur d’autres bases : écarter le dogme monétaire, consentir à des abandons de souveraineté mais exactement précisés et non pas livrés à une doctrine dite de « subsidiarité » qui n’offre aucun critère sérieux pour savoir ce qu’il faut retenir et ce qu’il faut partager en termes de souveraineté. La subsidiarité conduit à une véritable politique du chien crevé au fil de l’eau, aujourd’hui une politique européenne au fil de la crise des marchés.


Belkine

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