vendredi 26 mars 2010

Comprendre la crise économique

1)L’intrication de la banque et de la finance
2)La crise actuelle : de l’économie réelle vers l’économie financière
3)Les risques d’approfondissement de la crise.
4)L’actualité de Keynes

Après le recul de l’économie de 2 001, le système bancaire américain était surtout préoccupé de favoriser l’activité avec des taux d’intérêt relativement faibles et des liquidités relativement abondantes.


L’intrication de la banque et de la finance

La crise actuelle prend un visage particulier, lié à la financiarisation des crédits qui implique une intrication croissante entre banque qui crée de la monnaie de banque en accordant des crédits et établissements financiers qui par eux-mêmes ne crée pas de moyens de paiements. La financiarisation de ces prêts, la créance issue du prêt étant représentée par un titre financier qu’elle revend le plus souvent. Dès lors la banque prêteuse se montre moins soucieuse de la solvabilité réelle de son client car elle sait qu’elle pourra revendre le titre matérialisant la créance sur son client et céder les risques et les revenus liés. L’octroi de prêts à une clientèle à la solvabilité incertaine peut aller jusqu’aux pratiques caricaturées par l’expression « prêts à des Ninjas », clients qui n’auraient « No Income, No Job, no Assets", c’est-à-dire n'auraient ni revenus, ni travail, ni patrimoine.
L’acquéreur peut se croire garanti par l’origine prestigieuse de la banque cédante, gage a priori de sérieux de la gestion, parce que les titres bénéficient d’une contrepartie réelle qui les garantit les biens immobiliers dont ils ont permis l’achat, la suscription ou la construction. L’acquéreur des titres peut ensuite émettre des titres sur lui-même, des obligations, pour financer ses achats de créances.
Avec un retournement de l’économie réelle, l’échafaudage prêt/ titre de créance/ obligation/ assurance s’effondre.

La crise actuelle : de l’économie réelle vers l’économie financière
 
Avec le retournement de l’économie réelle il y a moins de revenus, les acheteurs sont moins nombreux, les gens deviennent prudents. Vers 2005 le marché immobilier entame sa baisse aux Etats-Unis, les taux d’intérêt augmentent, les saisies immobilières alimentent l’offre, les anticipations se renversent, les vendeurs sont pressés de réaliser leurs biens. Les prix fléchissent puis peuvent s’effondrer. La couverture réelle des crédits est réduite à peu de chose. Les assurances de plus en plus sollicitées faiblissent à leur tour.
Le système financier avec les fonds de pension pratique avec zèle le « bench marking » ou la comparaison des rendements presque immédiat des portefeuilles de titres au centième de points près. Derrière l’apparence jusqu’alors affichée d’une recherche de l’efficience extrême, le système s’est fondé de plus en plus, grâce à la « titrisation », sur l’idée que peut importe ce qui arrivera dans trois jours puisque demain, moi banque ou organisme financier, je toucherai des dividendes, après demain je pourrai vendre mes titres et dans trois jours je pourrai regarder tranquillement la crise adossé à mes liquidités retrouvées. L’idée ainsi répandue favorise plus que jamais la rapidité de propagation des paniques économiques. Tout en recherchant le centième de point, tout le monde se surveille du coin de l’œil et fait, in petto, le raisonnement des « trois jours ». Il s’agit simplement d’être, le moment venu, plus rapide que les autres parties prenantes du marché et de passer le mistigri des crédits douteux au voisin avant qu’il ne sache qu’ils sont devenus douteux.

Les risques d’approfondissement de la crise.

En 2 007 des banques et des assureurs américains sont en faillite, en 2008 AIG le grand assureur américain est en quasi-faillite. Les banques européennes qui ont dans leur portefeuille des titres de créances ou des obligations jusque-là considérés comme sains ou assuré auprès des assureurs américains se sentent menacées, elles ne font plus confiance à la présentation des bilans de leurs consoeurs, elles ne se prêtent plus entre elles sur le marché interbancaire et peut être à raison car un actif peut aujourd’hui être considéré comme sain et assurés et demain comme perdu.

L’actualité de Keynes

Le mécanisme en place est un amplificateur et un accélérateur formidable de la crise keynésienne qui naissait dans l’économie réelle au moment où les anticipations d’activité de l’entrepreneur étaient déçues par le déroulement effectif de l’activité. Aujourd’hui, la crise quand elle éclate met quelques jours à traverser l’Atlantique, elle juxtapose une première crise économique qui naît dans la sphère de l’activité productive se répercute sur la sphère financière avec le risque d’un nouveau choc en retour sur l’économie réelle. Le remède n’est pas seulement monétaire, il existe un mécanisme qui ressemble assez au mécanisme de la trappe monétaire vu par Keynes : quelles que soient la monnaie, les liquidités injectées par les banques centrales, les banques commerciales seront tentées de les utiliser pour se sécuriser ou pour colmater leurs propres brèches et non pour soutenir l’activité ou les projets de leurs clients. Une certaine économie financière administrée apparaît ainsi nécessaire face à l’ingéniosité des « Mozart » de la finance d’aujourd’hui.


Si vous n’avez pas tout compris, n’hésitez pas, demandez à votre banquier habituel l’explication d’un passage obscur ou faites moi part de vos questions, commentaires, ou remarques.

9 commentaires:

  1. La crise financiere n'est en fait qu'une des manifestations de la crise économique;
    Le recours accru aux mécanismes de crédits conduit les institutions bancaires a sur-solvabiliser des ménages désireux de consommer un bien ou un service.
    L'économie mondiale souffre de l'éternel problème de la répartition de la richesse entre les différents agents économique et cela est d'autant plus amplifier que le monde actuel continue d'ériger la sur-consommation comme la valeur économique éssentielle.
    Peut-être il conviendrait de redonner à la valeur travail la place qu'elle mérite et corélativement il conviendrait d'encadrer les mécanismes de spécalution en édifiant une véritable gouvernance mondiale des transactions monétaires.
    Les grandes institutions financières dans la mesure ou elle bénéficie de la confiance des agants économiques doivent assumer leur responsabilité en exerçant avec rigueur leur metier qui ne consiste pas à emetre des titres "pourris" pour faire assumer le risque de leur cupidité aigue sur leur clients ou pirE sur l'Etat.
    Peut-être auussi il faudrait réinventer la richesse en redonnant de la veuleur aux échanges économiques notamment en ayant recours au modèle de relance Keynésien.
    Monsieur John Maynard KEINES nous a bien enseigné dans sa théorie générale sur l'emploi que l'Etat doit corriger les excès du capitalisme en pratiquant une politique de redistribution car les vrais victimes des crises économiques sont toujeurs ceux qui la subissent et en aucune façon ceux qui la conçoivent.

    kz

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  2. Merci pour ton commentaire qui ouvre de nouvelles pistes de réflexion.

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  3. La zone euro traverse une « crise systémique », selon Nicolas Sarkozy.

    Eviter l’effet domino. Le président français Nicolas Sarkozy a estimé vendredi que la zone euro traversait une « crise systémique » et que cela nécessitait une « mobilisation générale » à l’issue d’un sommet des dirigeants de la zone euro à Bruxelles.
    « Cette crise est systémique, la réponse doit être systémique », a estimé Nicolas Sarkozy à l’issue d’un sommet consacré intialement à la crise grecque mais qui s’est transformé en conclave pour défendre toute la zone euro contre les attaques des marchés.
    « Nous sommes maintenant dans des mécanismes communautaires, c’est toute la zone euro qui a décidé de se défendre » et il s’agit donc « d’une mobilisation absolument générale », a déclaré le président français.
    Selon lui, « il faut doter la zone euro d’une véritable gouvernance économique ». Car « la zone euro traverse sans doute la crise la plus grave depuis sa création » et « désormais les spéculateurs doivent savoir qu’ils en seront pour leurs frais », a-t-il ajouté.
    Auparavant, les dirigeants ont annoncé la mise en place prochaine d’« un mécanisme de stabilisation », un fonds pour aider leurs pays qui seraient confrontés à des difficultés financières et validé le plan d’aide à la Grèce.

    http://www.20minutes.fr/article/403...

    Il y a donc deux questions qui se posent :

    1- Première question : avec quel argent les pays européens vont-ils créer ce fonds ?

    Avec quel argent ?

    Est-ce que chaque Etat européen va devoir verser plusieurs milliards d’euros pour abonder ce fonds ?

    2- Seconde question : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets à plein régime ?

    Concrètement : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets pour acheter les dettes souveraines des Etats européens ?

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  4. Pas de souci.
    On va appliquer la bonne vielle méthode bien connue.

    Illustration :

    Ça se passe dans un village qui vit du tourisme, sauf qu’à cause de la crise il n’y a plus de touristes.

    Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre.

    Plusieurs mois passent, misérables. Arrive enfin un touriste qui prend une chambre.

    Il la paie avec un billet de 100 €. Le touriste n’est pas plutôt monté à sa chambre, que l’hôtelier court porter le billet chez le boucher à qui il doit justement cent euros. Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l’approvisionne en viande. Le paysan, à son tour, se dépêche d’aller payer sa dette à la prostituée à laquelle il doit quelques passes. La prostituée boucle la boucle en se rendant à l’hôtel pour rembourser l’hôtelier qu’elle ne payait plus quand elle prenait une chambre à l’heure. Comme elle dépose le billet de 100 € sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l’hôtelier qu’il n’aimait pas sa chambre et n’en voulait plus, ramasse son billet et disparaît.

    Rien n’a été dépensé, ni gagné, ni perdu.

    N’empêche que plus personne dans le village n’a de dettes.

    Le client de l’ hôtel, c’ est le souscripteur de l’ emprunt ;

    L’ hôtelier, c’ est l’ Etat.


    N’est-ce pas ainsi qu’on est en train de résoudre la crise mondiale ?

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  5. Bonjour,

    Si vous avez un peu de temps, je vous conseille d'aller sur le site : chaoseconomique.org et de regarder la vidéo de la conférence qui est à la base de ce site et qui par le plus grand hasard (?) a le même titre que votre article.

    l'idée est d'essayer de féderer les bonnes volontés pour bouger parceque personne ne le fera à notre place et que si on ne bouge pas cela va très mal se terminer.

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  6. Vous en connaissez beaucoup de prêts SANS intérêt ???
    Demandez aux Grecs !!!

    Nôtre pays à une dette d’environ 1 000 Milliards d’€ ....chaque enfant qui nait doit 18 000€ au "Touriste" pour payer QUE les intérêts qui s’élèvent à environ 50 Milliards d’€ par an !!!!!!!!!!!!

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  7. Pierre Boisjoli9 mai 2010 à 14:52

    Mon cher Dujnou,
    C’est de la simplification à outrance. Le marché et le gouvernement ont des ressources que l’hôtelier n’a pas dont celui de pouvoir emprunter pour forcer les touristes et les autres voyageurs à louer une chambre à l’hôtelier. L’hôtelier peut donc rétablir ses finances par plus d’activités économiques.
    Le charcutier fait crédit à l’hôtelier parce qu’il a confiance en l’hôteleir et la roue continue de tourner, laissant le prophète de malheur pantoi devant la force des lois économiques. Il y a bien des pertes de confiance sporadiques, mais Dieu verra à ce que les humains croient en sa solution finale.
    Pierre Boisjoli
    Le conseiller divin
    le seigneur des seigneurs
    le roi des rois
    le prince de la paix

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  8. @ dujnou j’ai adoré votre petit apologue qui invite à mediter sur la monnaie et ses pouvoirs.

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  9. Comme moi, lisez dantou.fr "le libéralisme pour les nuls", il m'apparait que les vraies raisons de cette crise financière mondiale y est bien expliqué... Cordialement

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