vendredi 7 mai 2010

Nécessité de découpler la force de la monnaie et la force de l’économie réelle.

La très grande majorité des commentateurs européens considère comme un début de catastrophe le fait que l’euro se soit déprécié par rapport au dollar. Regardons-y de plus près.

L’euro qui valait 1$45 en début d’année ne vaut plus que 1$28 aujourd’hui. Un américain pourra avec 1$28 aujourd’hui acheter une marchandise européenne valant un euro, il ne le pouvait pas en début d’année. Un Européen ne pourra plus acheter comme il le faisait en début d’année une marchandise américaine valant 1$45. Le commerce extérieur de l’Europe ne peut que s’en trouver raffermit et, de ce point de vue, la perte de valeur de l’euro par rapport au dollar est tout à fait bénéfique.
Certaines considérations peuvent toutefois tempérer ce premier constat, par exemple la considération que les entreprises européennes sont plus faciles à acheter pour les fonds de pension américain. Cette considération ne paraît toutefois pas de nature à emporter la conviction tant il apparaît que l’euro est depuis longtemps surévaluer par rapport au dollar.

Les inquiétudes quant à la baisse de l’euro peuvent s’expliquer de trois façons :

-Une ignorance du mécanisme fondamental des échanges internationaux
-Voir la spéculation internationale attaquer l’euro, monnaie extrêmement forte, non pas seulement des pays comme l’Allemagne qui pour des raisons historiques ont une tradition socio-économique de monnaie forte. Mais aussi monnaie de pays qui comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne, voir la France sont des pays de monnaies faciles ou la chute du cours de la monnaie était souvent la solution donnée à des contradictions internes, sociales ou économiques. La chute de la monnaie n’étant plus possible quand leur monnaie est devenue l’euro, les contradictions doivent trouver les solutions ailleurs et par exemple, dans le cas de la Grèce, dans un déficit des finances publiques incontrôlé. La crainte est alors que la spéculation n’attaque une construction monétaire plaquée sur des types de fonctionnement sociaux et économiques extrêmement différents.
-Qu’une pratique continue de monnaie fondante et facile n’entraîne une dissolution des liens sociaux comme dans l’Allemagne de l’après 1ere guerre mondiale ou certains observateurs voient dans l’hyper-inflation un des éléments qui ont permis l’avènement du nazisme.

La réflexion sur l’euro doit prendre en considération ces éléments sous peine de voir se creuser le fossé entre une construction monétaire rigide et sans articulations et la réalité économique très contrastée des pays qui composent l’Europe monétaire d’aujourd’hui.
Plus précisément l’affaiblissement de la valeur de l’euro dans une situation de crise est de risque de spéculation, est un facteur qui permet de mieux résister à cette spéculation et à cette crise.


Belkine

10 commentaires:

  1. l faut ajouter que pour ceux qui se rendent aux USA , ils peuvent constater que même un Euro à 1, 26€ dollar, cet Euro est encore surévalué.

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  2. Monsieur Reboul,

    Surévalué par rapport à quoi, je veux dire quelles sont vos références ? Sur quel produit ? Sur quel service ?

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  3. Oui, quand Reboul va aux Etats-Unis, il se plaint qu’il ne paie pas assez cher vu que son euro est surévalué. Encore une conséquence du vaccin H1N1.

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  4. La zone euro traverse une « crise systémique », selon Nicolas Sarkozy.

    Eviter l’effet domino. Le président français Nicolas Sarkozy a estimé vendredi que la zone euro traversait une « crise systémique » et que cela nécessitait une « mobilisation générale » à l’issue d’un sommet des dirigeants de la zone euro à Bruxelles.
    « Cette crise est systémique, la réponse doit être systémique », a estimé Nicolas Sarkozy à l’issue d’un sommet consacré intialement à la crise grecque mais qui s’est transformé en conclave pour défendre toute la zone euro contre les attaques des marchés.
    « Nous sommes maintenant dans des mécanismes communautaires, c’est toute la zone euro qui a décidé de se défendre » et il s’agit donc « d’une mobilisation absolument générale », a déclaré le président français.
    Selon lui, « il faut doter la zone euro d’une véritable gouvernance économique ». Car « la zone euro traverse sans doute la crise la plus grave depuis sa création » et « désormais les spéculateurs doivent savoir qu’ils en seront pour leurs frais », a-t-il ajouté.
    Auparavant, les dirigeants ont annoncé la mise en place prochaine d’« un mécanisme de stabilisation », un fonds pour aider leurs pays qui seraient confrontés à des difficultés financières et validé le plan d’aide à la Grèce.

    http://www.20minutes.fr/article/403...

    Il y a donc deux questions qui se posent :

    1- Première question : avec quel argent les pays européens vont-ils créer ce fonds ?

    Avec quel argent ?

    Est-ce que chaque Etat européen va devoir verser plusieurs milliards d’euros pour abonder ce fonds ?

    2- Seconde question : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets à plein régime ?

    Concrètement : est-ce que la Banque Centrale Européenne va faire tourner la planche à billets pour acheter les dettes souveraines des Etats européens ?

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  5. Au fond , les fonds de pension américains sont un peu à l'origine de la crise...et c'est ce système que veulent nous imposer les tenants du libéralisme économique en France... cherchez l'erreur!

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  6. Mais le problème actuel n'est-il pas le surendettement des Etats? L'euro qui perd de sa valeur, n'est-ce pas, justement, mauvais pour la dette extérieure? De même, l'euro faible est censé être bon pour les exportations, mais vers où allons-nous exporter si la crise est à nouveau mondiale?!

    @BA Vas-y Trichet, crache le pognon!!

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  7. @BA Merci de votre riche commentaire. J’y vois 2 volets:
    -Le premier volet. Crise systemique, mobilisation generale, gouvernace economique, ce sont des déclarations un peu va-t-en-guerre. qu'y a t’il derriere ces mots comme action précise?
    Le 2eme volet, en revanche, la création d’un fond est effectivement une bonne idée mais qui vient un peu tard.
    @curieux les references theoriques : c’est la theorie de la parité du pouvoir d’achat, l’indicateur concret c’est l’evolution de la balance commerciale de la France.
    @Jujupiter: Vers ou exporter ? L’Allemagne semble avoir trouver la solution, elle était sociologiquement dans le cercle vertueux du mark fort, elle continue avec l’euro fort. Nous n’y étions pas. Les pays en voie de dvlllpt ont parfois des croissances à 2 chiffres, ce sont deja des marchés. C’est la zone euro qui paraît vraiment à la traine.

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  8. Un article intéressant sur le modèle allemand: http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2010/05/09/il-ny-a-pas-de-modele-allemand/

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  9. Le noeud gordien de cette affaire n'est pas économique mais bel et bien politique... L'Europe n'a toujours pas tranché la question fondamentale de son identité politique : marché, puissance, sociale, libérale ? Tant que toutes ces options resteront potentiellement valables, la politique monétaire sera forcément impuissante, car balançant entre différentes politiques économiques très étrangères les unes aux autres. A ne choisir aucune voie, on ne va nulle part.

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  10. Excellent commentaire auquel je m'associe.
    C'est la raison pour laquelle il me semble impérieux que les pays faibles de l'UE retrouvent leur monnaie antérieure, tout en pratiquant leur commerce internationale à travers l'euro.

    Merci.

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