Hommes politiques de bons alois et journalistes conscients de
leurs responsabilités ont fait assaut ces derniers jours d’un zèle républicain inouï.
Le thème était que maintenant que la loi sur le mariage pour tous est votée et
promulguée, il convient de cesser les manifestations, il faut respecter la loi
quelles que soient nos opinions sur le sujet. Belkine n’hésite pas à dire qu’un
tel raisonnement devrait être l’apanage des dictatures ou des républiques
totalitaires. Une loi est votée, elle est promulguée, les pouvoirs publiques
ont le devoir de l’appliquer et les tribunaux de la sanctionner. Mais les
citoyens ont le droit et le même le devoir si c’est ce qu’ils pensent d’en
discuter le bien fondé, soit pour revenir en arrière soit pour la compléter et
le cas échéant d’appuyer leurs réflexions par des manifestations qui doivent
absolument être autorisées pourvu qu’elles soient pacifiques et qu’elles se déroulent
dans le cadre républicain classique.
Penser autrement serait refuser aux citoyens le droit de
discuter du bien fondé des lois, de manifester leurs positions, en attendant
que les titulaires exclusifs du droit de préparer et de voter les lois, le
gouvernement et le Parlement, veuillent bien se prononcer. Manifester sur la
place publique son opposition à une loi existante n’est aucunement anti-républicain,
bien au contraire, pourvu que la manifestation demeure calme.
Autre chose est le risque que ces manifestations ne
permettent à des partis extrémistes d’infiltrer les partis politiques jugés
plus modérés, mais il s’agit là de considérations d’opportunités politiques et
pas du tout de respect du pacte républicain.
Belkine