lundi 1 février 2010

L’euthanasie : droit de mourir, droit de faire mourir.


Le suicide n’est plus considéré par notre droit positif comme un crime ou un délit. En revanche, une aide apportée au candidat au suicide, a fortiori si elle est apportée par une personne soignante l’est.


Le débat peut ainsi s’articuler en deux volets.


-Le droit pour ceux qui le souhaite de mettre fin à leurs jours qui n’est plus contesté que par les personnes religieuses qui avancent par exemple que la maladie, la souffrance est une épreuve qu’il faut supporter car elle permettra peut-être le retour sur soi et la rédemption.


-Le deuxième volet c’est l’assistance au suicidé, voir le fait de procéder soit même à l’euthanasie. Le débat est en général posé dans ces termes : a-t-on le droit de laisser souffrir quelqu’un alors que sa fin est proche et de ne pas abréger ses souffrances ?


À la question ainsi formulée, la majorité des personnes aura tendance à répondre qu’il devrait être permis d’abréger ses souffrances.


Un aspect de ce deuxième volet est toutefois le plus souvent passé sous silence : qui est ce « on » qui aura le droit d’abréger les souffrances? L’entourage du malade, le personnel soignant, les deux, une commission ou un juge ? Il me semble que les plus grandes inquiétudes peuvent naître et que des dérapages seront inévitables même si le législateur prévoit des « commissions » qui ne pourront d’ailleurs en général se prononcer que sur la base des témoignages des soignants et des parents.


Le cas échéant, un souhait exprimé par la personne souffrante dans un moment de désespoir pourra sembler autoriser l’euthanasie. La plupart de ceux qui ont eu a accompagné des personnes souffrantes en fin de vie ont eu à connaître ces moments de désespoir qui ne reflétaient pas forcément le souhait du malade dans la durée.


Le problème n’est donc pas seulement un problème d’éthique, de droit à la vie ou à la mort, c’est aussi un problème pratique, dont la solution n’est pas du tout évidente.


Les cas d’euthanasies mis en exergue aujourd’hui sont des cas exemplaires qui ont peu de chance de refléter l’ordinaire des situations d’euthanasie de demain si la législation était modifiée.


J’estime que si une législation offrant une possibilité d’euthanasie était adoptée il devrait être clair qu’elle devrait être une possibilité d’exception et que l’acte de donner la mort ou d’aider quelqu’un à se donner la mort devrait toujours être susceptible d’une enquête rigoureuse.


Belkine

5 commentaires:

  1. Ce devrait être aux "soignants" et aux proches de la personne de décider de sa mort, d'un commun accord, si celle-ci souffre et que sa situation est irrévocable. M'enfin mon expérience est plus que maigre quant au sujet donc ca reste un avis pas vraiment fondé...

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  2. Les proches peuvent être les plus habilités comme les plus dangereuses personnes à faire un tel choix. De plus, personne n'est vraiment à l'abri de la corruption.
    Comment protéger quelqu'un de ses proches ? L'euthanasie devra vraiment être très encadrée, par une enquête certainement. Une enquête sur la durée. Mais pendant ce temps si la personne souffre...
    Toute la question dès lors est qui fera et comment ferons-nous pour déterminer le plus justement si un tel veut et a vraiment besoin de mourir.
    Un débat sans fin.

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  3. J'aime bien ton article.
    En tant qu'infirmière je suis plutôt favorable à une loi pour encadrer l'euthanasie.
    Elle pourrait permettre de ne pas dépasser, parfois, les limites de "l'acharnement thérapeutique", ce souhait pour les soignants de vouloir soigner jusqu'au bout avec peut être, l'infime espoir de vouloir guérir.
    De plus elle peut rendre l'accompagnement vers la mort moins long et donc moins douloureux, car finalement c'est un moment ou tout le monde souffre: le patient, pour lequel on s'efforce de diminuer la souffrance tant physique que morale et de maintenir un certain confort, mais peut-on vraiment parler de confort dans une telle situation? La famille et les proches sont dans la souffrance et l'attente de l'inévitable, ainsi que le personnel soignant qui fait face à la souffrance des autres et à son propre sentiment d'impuissance.
    Cependant, je suis favorable, mais avec une grande réserve.
    Comme tout le monde j'ai peur des dérives. N'est-ce pas encore un moyen pour l'homme d'avoir le contrôle, de pouvoir décider à quel moment une personne peut mourir?
    Et comme tu le dis très bien: à qui appartient la décision?
    A la personne elle même? Elle est parfois dans l'incapacité de donner sa décision, ou, elle peut être altérée par une trop grande souffrance. La famille et les proches? c'est à dire: le père, la mère , le mari, le conjoint...? J'imagine les conflits au sein des familles... Les médecins, ou les hommes de loi?
    Chaque cas est très différent et nécessitera non seulement "une enquête rigoureuse" mais une loi très claire.

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  4. Nous venons sur Terre naturellement et devons repartir naturellement.

    L'euthanasie est un sujet trop délicat pour pouvoir se prononcer. J'ai vu de mes propres yeux un individus, pour qui la mort était inévitables, les meilleurs spécialiste annoncé le décès dans les heures a venir, il y a de cela déjà deux ans, aujourd'hui il a repris le travail, vis auprès de sa femme et de ces deux filles.

    L'euthanasie a été évoquer pour abréger ces souffrances, alors que son épouse était favorable au passage à l'acte, les médecins ont préférer laisser faire la nature. Après un comas de 2ans, il en ressort sans aucune séquelles... Miracle ?

    Qui sommes nous pour nous permettre de donner la mort? Nous jugeons, accusons, enfermons des criminels, mais le fait du passage à l'acte de l'euthanasie, nous devenons nous même criminels.

    Nous ne sommes personnes pour avoir ce droit.
    Une lois?? nous avons déjà du mal à respecter les lois mis en place au quotidien. Si une lois sur l'euthanasie passe, je crois que je peux m'avancer pour dire que les dérapages, et que les abus seront inévitables.

    Chaque chose en son temps, laissons faire la nature, chaque jours elle nous surprend... !

    Fidèle lectrice, il est vrai que chaque cas est unique est a part, malheureusement on ne peut pas faire du cas pour cas. C'est logiquement impossible. (facteurs : temps, désespoirs de la famille, médecine qui évolue a toute vitesse, et une enquête rigoureuse nécessite du personnels!)

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  5. Il faut aussi distinguer entre euthanasie active qui ne concerne que quelques cas rares qui doivent rester soumis à des règles d'exception et qui dans tous les cas devraient respecter strictement la volonté du malade et ce que j'appellerai l'euthanasie passive.
    Car comment qualifier autrement le fait de donner un sédatif à une personne mourante lorsqu'on sait (mais il y a toujours une part de doute qui permet d'éluder la qualification d'euthanasie) qu'elle ne se réveillera certainement pas.
    Je pense que c'est un geste de compassion et d'humanité, on ne laisserait pas souffrir un animal comme parfois on peut laisser souffrir un humain.

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